Près de 1000 visiteurs à Malataverne
pour une immersion inédite en préhistoire rhodanienne !
Aventure inédite à Malataverne comme en Drôme, les Journées préhistoriques 2018 ont été une belle réussite. Les visiteurs sont parfois venus de loin et le soleil était au rendez-vous de cet événement co-organisé par la commune et ARChéoMala, lequel fédérait l’ensemble du village autour de son patrimoine archéologique. ARChéoMala livrera un bilan plus précis à tête reposée, mais le tout semble globalement très positif. Environ 750 entrées en flux tendu ont été enregistrées sur les ateliers et démonstrations proposées samedi, du côté de l’esplanade Gaston Etienne, tandis qu’une centaine de personnes s’est rendue au Foyer J-H Moulin pour découvrir expositions 2D/3D, films et conférences. Idem pour le samedi soir, l’espace film-conférence s’était heureusement déplacé derrière la mairie afin d’accueillir 150 personnes venues entendre Ludovic Slimak, responsable scientifique de la Grotte Mandrin. Ce week-end préhistorique s’est conclu dimanche de la plus belle des façons, autour d’un repas convivial rassemblant une centaine de convives. Servi sans couvert, sur rondin de bois, feuilles de figuier, voire omoplate de bovidé, le menu carné proposé par les bénévoles et le traiteur Saveurs Nature a fort agréablement surpris tous les palais, à l’unanimité. Un peu avant, en matinée, les Archers castelneuvois avaient assuré le concours de tirs aux armes préhistoriques, voyant défiler une ribambelle d’enfants qui avaient confectionné leur flèche la veille, sur le stand de l’expert Christophe Escudier.
Apprendre en s’amusant…
C’était une première pour cette formule étalée sur un week-end, avec une programmation alliant transmission des savoirs et esprit festif. Les nombreux retours positifs et encouragements reçus des visiteurs vont sans nul doute booster l’équipe pour concocter de futures éditions, si tant est que de nouvelles forces vives la rejoigne (à bons entendeurs…). Le cœur de la manifestation s’est déroulée samedi dans de bonnes conditions, les ateliers proposés n’ayant pas désempli jusqu’au soir pour une immersion totale en préhistoire. Côté intervenants professionnels, l’équipe de Silex Fac similé proposait expo et démonstrations sur les cultures lithiques, mais aussi un atelier pratique de taille de chopper, avec Michel Grenet. Une belle exposition d’artisanat et habillements d’époque était également visible, couplé à un atelier couture, tandis qu’un peu plus loin, les curieux pouvaient s’essayer au tannage de peau, racloir de silex en main. De leur côté, Toomaï et Tanguy de l’association T.O.P., spécialisée en archéologique expérimentale et médiation, ont proposé exposition d’outils, ateliers d’art rupestre, feu et corde, qui ont remporté un très grand succès. Même chose pour l’atelier « Plume ta flèche » de Christophe Escudier et son épouse : 70 enfants ont fièrement pu repartir avec leur « vrai » arc et flèche, sécures et adaptés à leur âge, et s’essayer à une « chasse préhistorique » sous les arbres. Mais rien n’aurait été possible sans l’investissement d’une trentaine de bénévoles répartis à la buvette, logistique ou autres stands qui ont eux aussi été plébiscités : citons les ateliers poterie, art, parures, maquillage, fouilles, son, jeux, contes, et bien d’autres surprises qui ont jalonné cette journée, dont un jeu-quizz qui a permis de faire gagner nombre d’entrées aux Musées environnants de Drôme et d’Ardèche.
A la rencontre d’un patrimoine archéologique exceptionnel
L’enjeu de cette manifestation était de nous immerger en préhistoire tout en faisant connaitre un peu la Grotte Mandrin. Ce site archéologique d’exception est fouillé à Malataverne depuis 28 ans, par une équipe internationale d’une quarantaine de chercheurs. Il révèle depuis peu d’étonnants résultats, telle l’arrivée probable d’Homo sapiens plus tôt que supposé, c’est-à-dire il y a 50 000 ans. Notre ancêtre biologique se serait aventuré en territoire alors occupé par Néandertal, lequel s’éteindra (coïncidence ?) « peu de temps » après (soit à peine quelques millénaires). Tout au long de la journée de samedi, au Foyer puis derrière la Mairie, films et conférences se sont succédés pour nous conter cette nouvelle préhistoire qui renverse bien des schémas établis. Sérieuses mais accessibles à tous, ces interventions ont intéressé un public diversifié. En matinée, Audrey Roussel assurait une présentation de son activité d’archéozoologue, court métrage et vieux os à l’appui. Dans l’après-midi, la tracéologue Laure Metz détaillait les étapes de son enquête, qui lui ont permis de démontrer l’existence de l’archerie dès le 50e millénaire, alors que son invention n’était attestée qu’à -12 000 ans en Europe. A sa suite, Ségolène Vandevelde a fait part des informations révélées par la Fuliginochronologie, qui se focalise sur la succession des traces de suie emprisonnées dans les concrétions calcaires depuis 100 000 ans, à chaque fois que les Hommes sont passés faire du feu sous la cavité. Cette méthode révolutionnaire, publiée fin 2017, a été mise au point grâce aux données de la Grotte Mandrin. Cette approche permet d’atteindre une résolution de temps inédite pour l’étude des temps anciens, inférieure à une vie humaine, là où le carbone 14 disait hier « + ou – 1000 ans ». L’alternance des couches de suie et de calcite permet aussi de repérer les chroniques de passage des groupes humains et d’en tirer de précieuses informations sur la diversité culturelle, leur mode de vie ou l’exploitation de leur territoire. En soirée, l’intervention de Ludovic Slimak a permis de livrer la synthèse de cette approche pluridisciplinaire, mais aussi d’ouvrir les débats sur les recherches en cours et à venir, et sur toutes les leçons que le Sapiens contemporain pourrait bien tirer de ce nouveau miroir tendu par les traces de notre passé.
A noter : l’Expo photos 2D/3D “GROTTE MANDRIN – 10 objets pour 10 millénaires” sera prolongé jusqu’au 6 octobre 2018 à la Bibliothèque communale.