Luttons tous contre le papillon du palmier

Christian Lanthelme, consultant jardin et espaces verts, vous explique comment sauver vos palmiers.

“Un palmier infesté par Paysandisia archon (le papillon du palmier) a été repéré sur la place de la mairie. Ce papillon attaque nos palmiers, se nourrissant des fibres du tronc et des feuilles.  Dans nos jardins d’ornement, vous pouvez le rencontrer sur plus de 20 espèces de palmiers. Les conséquences sont le dépérissement progressif des palmiers attaqués et par la suite, si vous ne faites rien, la mort de ceux-ci.

Cycle de vie du papillon du palmier.

Paysandisia archon est originaire d’Amérique du Sud. Il est arrivé en France accidentellement depuis les années 90. Comme pour beaucoup de ravageurs arrivant d’un autre continent, l’absence de prédateurs ou de parasites naturels sur notre territoire fait de ce papillon un ravageur préoccupant pour nos jardins d’ornement.

L’adulte est un grand papillon diurne dont l’envergure peut aller jusqu’à 11 cm. Paysandia archon vole de palmier en palmier à la recherche d’un lieu de ponte de fin avril à début octobre. On le reconnaît à ses ailes supérieures de couleur bronze avec quelques traits marron, et ses ailes inférieures rouge-orangé avec des taches noires et des marques blanches.

Le papillon du palmier ne donne qu’une seule génération par an. Son cycle de vie complet varie entre un et deux ans. La femelle peut pondre jusqu’à 200 œufs sur une durée de 2 à 3 semaines, avec un nombre de 10 à 12 œufs par points de ponte.  Après éclosion, les jeunes chenilles suivent l’axe des feuilles en les rongeant, puis creusent des galeries et pénètrent dans les tissus du tronc du palmier. La larve de couleur blanche grossit rapidement et peut atteindre 8 à 9 cm de long. Arrivée à sa fin de cycle de chenille, la larve se dirige vers la périphérie du tronc (là où se trouvent beaucoup de fibres) et forme son cocon fibreux afin d’effectuer sa nymphose. Au bout de 2 à 3 semaines, un nouveau papillon en sortira. Les nymphes sont alors souvent visibles au sein des fibres du haut du tronc.

Symptômes d’attaques.

Les indices et dégâts d’attaques du papillon du palmier sont très différents suivant la quantité de chenilles et  leur stade d’évolution. Les dégâts observés sur les palmiers peuvent aller du simple trou sur les pétioles des feuilles ou sur le tronc, à un arbre qui sèche complètement et meurt. Les premiers symptômes réellement visibles n’apparaissent que plusieurs mois après la pénétration des chenilles dans le haut du tronc :

  • Présence de sciure sur le haut du tronc et entre les feuilles terminales.
  • Jeunes feuilles qui sortent avec une perforation régulière.
  • Apparition de gomme ou liquide visqueux à l’entrée de galerie.
  • Observation des trous des galeries de sortie des chenilles à la base des feuilles.
  • Apparition de reste de chrysalide dans les fibres du tronc (signe d’envol des papillons).
  • Dessèchement prématuré des feuilles, en particulier celles du coeur.
  • Développement anormal des feuilles du coeur.
  • Mort rapide du palmier

Comment combattre le papillon du palmier?

Lutte mécanique

  • Application de glu qui bloque la ponte et l’émergence des papillons (“BIOPALM” produit réservé aux professionnels. Renseignez-vous auprès d’un applicateur agréé)
  • Possibilité de placer des filets à mailles fines sur les palmiers.
  • Destruction mécanique des larves (curetage des galeries) et cocons.
  • Destruction des palmiers gravement atteints ou morts avant éclosion des papillons.
  • Destruction des papillons par piégeage.
  • Destruction des larves par abatage et brûlage des palmiers morts

Lutte biologique

  • Traitement à base de nématodes de l’espèce Steinernema carpocapsae.
  • Traitement à base de spinosad.
  • Traitement à base de Bacillus thuringiensis.
  • Traitement avec des préparations à base de Beauveria bassiana (champignon entomopathogène) (produit réservé à un usage professionnel).

Lutte chimique

  • Traitement avec un insecticide systémique ou insecticide-choc.

Avant d’engager un traitement, vérifiez bien que votre palmier soit encore bien vivant (prenez garde, la présence de feuilles encore vertes n’est pas toujours un gage de viabilité). Les palmes encore fermées du cœur doivent être solidaires du stipe (tronc), si elles se détachent quand on tire dessus, votre palmier est déjà atteint et la survie de celui-ci très compromise.

En revanche, si votre palmier n’est pas trop atteint, vous pouvez le sauver en mettant en place des stratégies de lutte. La décision de conserver votre palmier va dépendre de son état. Rien ne sert de s’acharner à traiter un palmier mourant.

4 traitements minimum sont conseillés (2 entre juin et juillet – 2 entre septembre et octobre). Le cœur du palmier doit être préalablement bien humidifié. Vous devez réaliser ce traitement tous les ans si vous voulez conserver vos palmiers.

Impacts

En cas d’infestation avancée de palmier de grande taille, il y a un risque de voir l’arbre céder sous son propre poids et d’engendrer des accidents et dégâts lors de sa chute.

En causant le dépérissement de nombreux palmiers dans le sud de la France, Paysandisia archon, le papillon du palmier, est la cause de dégâts importants au sein des jardins des particuliers et des espaces verts des collectivités. Sa large gamme d’hôtes potentiels et l’absence de prédateur ou parasite naturel en font un ravageur préoccupant.

Pour plus d’infos et détails des méthodes de lutte, vous pouvez consulter le site www.conseils-coaching-jardinage.fr“.