Rac, berceau de Malataverne

Un peu d’histoire…

 

Selon la Brève histoire de Malataverne de feu M. Léon Chaix, figure locale au verbe généreux, « Rac était un promontoire rocheux, situé face au Nord, ayant deux vallons l’un à droite, l’autre à gauche, (qui) fût un de ces lieux qui, dans la nuit des temps, reçut les premiers habitants désirant désormais vivre à la surface de la terre et non plus dans les rochers ».

Au commencement, donc, était Rac…

Dans ce petit coin de la Drôme provençale, cela va de soit !

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Le hameau de Rac, berceau de Malataverne, surplombe la plaine de Montélimar.

Tombes gauloises et villas romaines ont ensuite attesté de la formation d’un village dans ces hauteurs, bien avant l’ère chrétienne. Mais le nom de « Rac », en revanche, n’apparaîtra pas avant 920-930. En 1083, il figure dans un document du Pape Victor III, qui spécifie que Rac possède sur son territoire la Chapelle Notre-Dame de Montchamp.

Celle de Rac apparaîtra, peu de temps après, au cours du XIIème siècle.
Les Adhémar deviennent seigneurs de Rac dès 1100 et règneront près de 4 siècles. Quelques autres grandes familles leur succèderont. En 1602, un cimetière attenant à la chapelle… voit le jour, jusqu’à ce que le champ du repos actuel le remplace, en 1850.

Dès 1791, après la Révolution, les biens seigneuriaux sont nationalisés et un siècle plus tard, par décret du 4 mai 1891, le transfert du chef-lieu de la commune de Rac à Malataverne est officialisé. Les cloches s’en souviennent encore…

Histoire d’un “Rac”courci !

Selon certains (1) , Rac pourrait correspondre aux trois premières lettres du mot « raccourci ». Cette idée provient du fait que, depuis des temps reculés, un chemin très fréquenté partait d’abord de la Voie Romaine, ensuite de la Voie Royale (ancienne N.7) à la hauteur des Joannins. Il passait au pied de Navon et traversait Rac, pour aboutir au quartier Saint-Joseph à Châteauneuf. Il s’agissait donc d’un raccourci pour aller à Montélimar.

Pour d’autres (plus vraisemblablement), l’étymologie de Rac se réfère à la notion de promontoire. Le hameau, haut perché, domine en effet la plaine de Montélimar.
Que représentent les armoires de Rac ?

La légende selon Léon…

« La légende raconte qu’il y a des milliers et des milliers d’années, une femme aux pouvoirs prestigieux s’était installée dans l’immense plaine de Montélimar à la Palud. C’était une sorte de divinité avec tout ce que cela comporte de beauté, de droits, de pouvoirs. Sa beauté faisait chavirer bien des cœurs et elle eût de nombreux amants. Parmi eux, la déesse en avait trois qu’elle préférait aux autres et les aima toute sa vie. Se voyant vieillir, et pensant ne plus pouvoir les satisfaire, la déesse qui voulait rester fidèle à chacun d’eux, parce qu’ils l’avaient comblée, décida de les éterniser pour toujours, afin qu’ils soient toujours présents. Usant de ses pouvoirs, elle fit surgir trois montagnes dans lesquelles elle pétrifia chacun de ses amants. Jusqu’à sa mort, la déesse garda ainsi la vision de ses trois amants transformés en montagne, preuve qu’elle les avait aimés d’un égal amour, les trois montagnes ayant d’ailleurs à cinq ou six mètres près la même hauteur. C’est depuis ce jour-là, qu’il y eut trois montagnes à Malataverne: ROUCOULES, MONTCHAMP, NAVON ».

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La façade de la chapelle de Rac a été rénovée au cours de l’été 2010, par la société spécialisée “Litho-Doc”, fondée par Serge Aviotte.

Rac et sa chapelle

L’église Saint Jean-Baptiste de Rac domine la plaine de Malataverne. Elle fut d’abord baptismale avant d’être paroissiale. Âgée d’environ huit siècles, elle a traversé différentes périodes de construction et de rénovation.

Né à l’époque romane, l’édifice d’origine est constitué d’une nef unique. Puis au XIVème siècle, l’ordre de Saint Ruf lui donne sa physionomie actuelle et double sa surface (120 m²), avec l’ajout d’une chapelle latérale (chapelle de la Vierge) et du chœur.
De nombreux remaniements sont ensuite opérés vers la fin du XVIIIème siècle : ajout d’un contrefort, décors peints sur la voûte quadripartite, intégration d’une balustrade en fer forgé de style Rococo (séparant nef et chœur), apports de mobiliers de qualité, etc. En 1774, le seigneur en place aurait fait don de la tour du château pour reconstruire la voûte. Les restes de cette tour sont encore visibles en face de l’église… alors qu’elle était de la hauteur de la pointe du clocher ! Par ailleurs, certaines pierres qui composent aujourd’hui encore la chapelle sont bien antérieures à son édification : d’après inscriptions, l’une d’elles daterait du Vème ou VI ème siècle.
Après la Révolution française, l’église est pourvue d’une sacristie assez large et reçoit un nouveau clocher-arcade en pierre de grès, construit sur le précédent seulement dérasé en sa partie supérieure.

De nos jours, les restaurations se poursuivent

Et pour ce faire, une association est à l’oeuvre : l’Association pour la Rénovation de la Chapelle de Rac (ARCR) a vu le jour fin 2001.
Son objectif : préserver et rénover l’édifice. À terme, la sauvegarde de ce patrimoine historique permet l’utilisation de la Chapelle pour des manifestations à la fois religieuses (la paroisse restant l’affectataire prioritaire des lieux) et culturelles (pour lesquelles la paroisse doit également donner son accord).

Les préoccupations de l’association n’étaient cependant pas si récentes…
Comme le souligne le président, Jean Girard-Claudon : en « 1986, j’ai trouvé le 1er compte-rendu manifestant des idées concrètes de rénovation. Le début de la décennie 1990 a vu la réfection de la toiture de la commune. L’année 2000 a vu pour la chapelle une résurrection… celle de la cloche manquante depuis plus d’un siècle ». Et de souligner le rôle important joué (entre autres) par le Père Joseph Slabbers qui « a initié le processus, nous a apporté de précieux conseils et a su nous fédérer pour réaliser ce projet ».

Forte aujourd’hui d’une soixantaine de membres, l’association a tout d’abord dû rechercher les fonds nécessaires aux travaux à venir. Dès 2002, elle organise la fête de Rac, quelques concerts, des vides greniers, etc. Puis grâce aux dons de généreux donateurs, tel que M. Marc Menut, et à une convention passée avec la commune en 2005, les travaux ont finalement pu démarrer : de décembre 2005 à mai 2006, un décrépissage des murs intérieurs a été effectué, complété par la rénovation de la voûte de la chapelle St-Jean et la mise en place d’un éclairage bidirectionnel mettant en valeur les nouveaux parements de l’édifice mis à jour.

D’autres travaux ont ensuite suivis tels que :

  • La pose d’un nouveau vitrail dans le choeur (2), suivi des autres vitraux, plus petits.
  • Restauration de l’autel et de la chapelle de la Vierge.
  • Restauration du Maître-autel.
  • Restauration de la façade.
  • Mais aussi : la commune a réaménagé la place de la Planète, parvis de la chapelle. Les jeunes étrangers de Jeunesse & Reconstruction ont mis au jour un vieil escalier et un porche, aux abords de la place, avec l’aide de Serge Aviotte.

La chapelle est désormais fin prête à recevoir une belle programmation culturelle. Pour vous tenir informer, consultez l’ Agenda des manifestations malatavernoises.

 

Et en guise d’aide-mémoire, ci-dessous les détails techniques et historiques relatifs à la chapelle de Rac, téléchargeables.
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Notes

[1] c’est-à-dire M. Léon Chaix

[2] Croqué par Monic-Michèle, en concertation avec les membres du bureau de l’ARCR, le dessin du nouveau vitrail présente des motifs, dont la symbolique renvoie à des connotations à la fois religieuses et profanes. La colombe, en signe de paix, domine la composition. Autour d’elle, l’eau et le poisson évoquent le Christ et son baptême. Les couleurs froides dominent : sur fond bleu, les jaunes et verts se déclinent en harmonie avec la douceur dégagée par les murs dépouillés. De leurs côtés, MM. Jeantet et Fouquet, également membres de l’association, avaient suivi un stage d’initiation à la réalisation de vitraux. Une fois les fournitures nécessaires acquises, c’est Liliane Dugua qui a bénévolement dirigé la création effective du vitrail.